Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/51

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Ils pillent, massacrent et emmènent en esclavage. C’est un mal sans remède : comment dompter une nation errante, dans un pays immense et inculte, où il serai même difficile de la rencontrer ?

D’ailleurs ces Indiens sont courageux, aguerris, et le temps n’est plus où un Espagnol faisait fuir mille Américains.

Il s’est formé depuis quelques années dans le nord de la rivière une tribu de brigands qui pourra devenir plus dangereuse aux Espagnols s’ils ne prennent des mesures promptes pour la détruire. Quelques malfaiteurs échappés à la justice s’étaient retirés dans le nord des Maldonades ; des déserteurs se sont joints à eux : insensiblement le nombre s’est accru ; ils ont pris des femmes chez les Indiens et commencé une race qui ne vit que de pillage. Ils viennent enlever des bestiaux dans les possessions espagnoles pour les conduire sur les frontières du Brésil, où ils les échangent avec les Paulistes contre des armes et des vêtements. Malheur aux voyageurs qui tombent entre leurs mains. On assure qu’ils sont aujourd’hui plus de six cents. Ils ont abandonné leur première habitation et se sont retirés plus loin de beaucoup dans le nord-ouest.

Le gouverneur général de la province de La Plata réside, comme nous l’avons dit, à Buenos Aires. Dans tout ce qui ne regarde pas la mer, il est censé dépendre du vice-roi du Pérou ; mais l’éloignement rend cette dépendance presque nulle, et elle n’existe réellement que pour l’argent qu’il est obligé de tirer des mines du Potosi, argent qui ne viendra plus en pièces connues depuis qu’on