Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/59

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Le 23 au soir, nous entrâmes et mouillâmes dans la grande baie, où mouillèrent aussi le 24 les deux frégates espagnoles. Elles avaient beaucoup souffert dans leur traversée, le coup de vent du 16 les ayant obligées d’arriver vent arrière, et la commandante ayant reçu un coup de mer qui avait emporté ses bouteilles, enfoncé les fenêtres de sa grand-chambre et mis beaucoup d’eau à bord. Presque tous les bestiaux embarqués à Montevideo, pour la colonie, avaient péri par le mauvais temps. Le 25, les trois bâtiments entrèrent dans le port et s’y amarrèrent.

Le 1er avril, je livrai notre établissement aux Espagnols qui en prirent possession en arborant l’étendard d’Espagne, que la terre et les vaisseaux saluèrent de vingt et un coups de canon au lever et au coucher du soleil. J’avais lu aux Français habitants de cette colonie naissante une lettre du roi, par laquelle Sa Majesté leur permettait d’y rester sous la domination du roi catholique. Quelques familles profitèrent de cette permission ; le reste, avec l’état-major, fut embarqué sur les frégates espagnoles, lesquelles appareillèrent pour Montevideo le 27 au matin. Pour moi je fus contraint de rester aux Malouines à attendre L’Étoile sans laquelle je ne pouvais continuer mon voyage.