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Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/126

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V.


Un soir, en présence des trois Godin et de leur sœur. Christus exprima, à peu près en ces termes, sa manière de comprendre l’amour :

Il est, dit-il, absurde d’aimer davantage la femme que l’on désire que celle que l’on possède. Celle qui vous a tout sacrifié est devenue pour vous un être sacré ; on connaît son cœur, on l’a entendu battre, on aimera à le faire battre encore, on a respiré son haleine, elle sentait bon comme les violettes, etc.

Christus parla longtemps, il était rouge d’enthousiasme.

Les Godin ne comprenaient rien à cette métaphysique amoureuse, François et Nicolas tiraient la langue, Jean qui se mordait les lèvres pour ne pas rire, dit enfin : Camarade, viens prendre un verre de brune avec nous, ça te calmera.

À cette brutale interruption, Christus répondit un peu ahuri : Je veux bien.

Il sortit avec les trois frères qui rentrèrent à minuit et trouvèrent Louise cousant encore auprès de l’âtre éteint.