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Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/132

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en dit mais il est trop fâché contre moi, pour cela, n’est-ce pas Christus ?

— En effet, je n’ai pas faim, répondit Christus.

— Il y avait, dit Louise, avec l’air égaré des gens qui vont commettre un crime : Il y avait une fois, un jeune garçon si beau que toutes les filles en raffolaient…

Il parut à Christus que Louise allait le dénoncer à ses frères et se servir ainsi de la peur qu’elle lui ferait éprouver, pour se faire épouser par lui. Cela lui parut monstrueux et impossible :

— Vous ne devenez pas folle, n’est-ce pas, Louise, dit-il sévèrement, et vous savez ce que vous êtes prête à faire ?

— Mon Dieu, s’écria-t-elle en pâlissant… mon Dieu, c’est vrai… Je suis trop pressée d’être heureuse, ce n’est pas de ma faute ; Christus, j’ai tant souffert. Christus, pardonnez-moi.

Christus ne répondit pas, Jean fronçait le sourcil, observait Louise et se taisait.

— Qu’est-ce que çà veut dire tout çà, s’écria tout à coup Nicolas, il semblait tout à l’heure que Louise allait raconter une histoire et la voilà qui s’interrompt pour demander pardon à Christus, pardon de quoi, pourquoi pardon ?

— Le diable n’y verrait que du feu, dit François.

Jean se taisait toujours. Ce silence qui indiquait des