Aller au contenu

Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’écria-t-elle, et vous, Christus, taisez-vous tous. Personne n’a le droit d’attaquer ici un ami, à cause de moi, quand moi, la seule en jeu, je ne l’accuse point.

— C’est bien parlé, çà, Louise, dit Christus, je vous pardonne.

— Merci, dit-elle, toute heureuse, ha, vous êtes bon, vous.

— Mais, dit encore Jean… mais, Louise… cependant…

— Voyons, dit Louise, en feignant d’être impatiente et parlant avec une excessive volubilité, sans doute pour étourdir son frère, voyons, avez-vous l’intention tous les quatre de vous regarder dans le blanc des yeux toute la nuit ; Jean écoute-moi, je t’en donne ma foi de sœur affectionnée : si j’ai jamais besoin d’aide ce sera à toi, mon bon frère, que j’irai la demander, ainsi donc calme-toi. Christus est comme toi, un homme au cœur droit, mais il a comme toi, une mauvaise tête et s’il veut me faire beaucoup de peine, il n’a qu’à conserver son air renfrogné et continuer de rouler ses yeux méchants qui semblent vouloir avaler tout le monde, mais bien au contraire il va être bon et donner la main à mon terrible frère.

Christus sourit : Ce que Louise veut, je le veux, dit-il.

— Allons, Jean, dit encore Louise, amendez-vous et donnez-lui la main.