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Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/176

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plaisir pour un saltimbanque de renom de prendre ses ébats sur une corde aussi extraordinaire et devant un public aussi nombreux. Car beaucoup de gens se trouvaient au fond de la vallée, laquelle semblait être l’emblème de la médiocrité de condition de la plupart des hommes, ces gens-là donc placés si bas, ne pouvaient pas ne pas voir les hauts personnages qui danseraient sur cette corde et ne pas applaudir aux prodiges d’adresse qu’ils ne pourraient manquer de faire.

Hendrik regarda ensuite la vallée et vit, dans des plaines sans fin, dans de riants villages, des forgerons bien portants battant à grands coups de marteau du fer rouge et rejaillissant en pluie de feu ; de modestes savetiers, des tailleurs accroupis, des marchands forains, des maquignons, des maraîchers, des peintres, des sculpteurs, des musiciens, des typographes, vaquant à leur métier ou cultivant leur art. Parmi ces groupes de gens affairés, occupés ou rêveurs, des gamins couraient, criaient ou jouaient à divers jeux. De gais violons faisaient danser de fiers jeunes gens, de douces jeunes filles ; les éclats de rire se croisaient avec les chansons d’amour, les paroles voluptueuses, le bruit du travail et le murmure des baisers. Un jour doré éclairait cette foule heureuse. Le brave espoir, la vaillante confiance régnaient, roi et reine