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Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/40

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— C’est vrai, répondit Ottevaere, prête-moi cent sous, je te paie une pinte d’uitzet.

— Non, dit Pier, c’est moi qui régale. Puis il se tourna vers l’Escaut et faisant un geste de mépris ; Voilà, dit-il, pour les bains de rivière !

Trois jours après, une belle jeune fille nommée Kattau, se présenta chez Anna à qui elle plut tellement qu’elle devint sa femme de chambre.


XV.


Ottevaere avait deviné juste en disant qu’Anna n’était pas heureuse : deux ans s’étaient d’ailleurs passés depuis leur mariage, deux ans, c’est-à-dire plus qu’il ne fallait à un homme du caractère d’Isaac pour être las de l’amour même d’un ange et désirer le changement. La scène que je vais raconter donnera une idée exacte de l’état habituel de leurs relations. Ils se trouvaient tous deux, un soir, dans un salon meublé de gris et de palissandre, où Anna passait presque toutes ses journées ; Isaac était couché sur un canapé, les pieds en l’air, à l’américaine, et fumait un cigare.

Assise à une petite table sur laquelle était posée une