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L’EXPÉRIENCE LOGIQUE

deux limites supérieures et inférieures à l’effort intellectuel et non de réalités déterminées une fois pour toute.

Suivant le Vocabulaire philosophique, « on appelle a posteriori les connaissances qui viennent de l’expérience ou qui en dépendent ; a priori celles qui en sont indépendantes, au moins relativement, c’est-à-dire que l’expérience suppose, et ne suffît pas à expliquer, alors même qu’elles n’ont d’application que dans l’expérience. A priori ne désigne donc pas une antériorité chronologique (psychologique), mais une antériorité logique ».

Constatons tout d’abord que ces deux notions sont définies en fonction de celle d’expérience qui les suppose à son tour ; suivant le même Vocabulaire philosophique, l’expérience au sens gnoséologique désigne « l’exercice des facultés intellectuelles, considéré comme fournissant à l’esprit des connaissances valables qui ne sont pas impliquées par la nature seule de l’esprit, en tant que pur sujet connaissant ».

Ensuite on distingue entre antériorité logique et antériorité chronologique (ici psychologique) ; l’une est relation de principe ou de condition à conséquence, l’autre consiste dans la relation d’avant et après. Ainsi le principe peut suivre chronologiquement la conséquence, bien que celle-ci soit logiquement, c’est-à-dire du point de vue de la construction intellectuelle, antérieure à celui-là : la coexistence des deux notions n’est intelligible que dans leur relation au double plan logique et mental (supra, I, 2°).

La psychologie moderne a fourni la preuve que, à chaque niveau de l’intelligence, correspondent des structures déterminées qui servent à appréhender et