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la résignation

Du même pas tranquille, toujours silencieux, il revint auprès de la trépassée qu’il enveloppa dans la fourrure.

Sans hésitation et sans étonnement, il acceptait l’offrande de la pauvre vieille, parce que son âme simple et généreuse trouvait tout naturel l’hommage de ce désintéressement à une morte inconnue.

Après avoir assujetti l’épais linceul avec des lanières d’écorce, il lia la dépouille sur le toboggan, s’attela dans les bricoles, et s’enfonça dans la nuit.

C’était un rude voyage, qu’entreprenait le malheureux.

La neige fondante et le sol amolli, rendaient la marche pénible ; mais il allait rapidement, courbé en avant, écartant à deux mains les rameaux qui encombraient le sentier. De temps à autre, il s’arrêtait pour s’orienter, observait le ciel, puis cherchait aux branches les marques qu’il avait faites pour reconnaître son chemin. À deux ou trois reprises, il s’alongea sur le sol en y posant longuement l’oreille, afin de s’assurer que personne n’était sur ses traces.

La traîne glissait avec un bruissement frôleur. Quelquefois, en passant sur une branche sèche ou un caillou, les planches frêles grinçaient en déviant un peu. Le Carcois sentait alors dans sa