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sur la politique de champlain

portait fort peu à la plupart des Associés que les sauvages fussent sans foi ni loi, pourvu qu’ils vinssent, chaque année, à Tadoussac, échanger pour des brimborions les riches peaux de castor dont leurs canots étaient remplis.

S’il est vrai que le commerce fait la richesse d’une nation, la rapacité des marchands peut aussi, en certaines circonstances, causer sa ruine. Il en fut ainsi pour la Nouvelle France. Si vaste que soit la terre septentrionale d’Amérique, tant de cupidité qui brusquement s’y déchaîna devait inévitablement s’y heurter à la convoitise. La forêt abrita de nobles ambitions, mais elle couvrit aussi bien des hontes. La jalousie, plus d’une fois, mina sourdement l’œuvre sainte du patriotisme ; et la probité native des indigènes, avant d’être corrompue par l’exemple, dut s’étonner des luttes déloyales dont certains traiteurs leur donnèrent le spectacle.

Champlain, souffrant déjà du mauvais vouloir des uns et de l’indifférence des autres, se vit encore, lui si désintéressé, forcé de lutter contre le lucre et la volerie.

À ses premiers pas sur la terre du Canada, le Père de la Nouvelle-France trouva les naturels divisés en deux groupes distincts, séparés par une haine aussi tenace que féroce.

Placé, dès le début, dans l’alternative d’être l’ami des uns ou l’ennemi de tous, il subit l’inévitable, en faisant alliance avec ceux qui, les