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vers québec

Depuis lors, elle ne cessa de chercher, dans sa délicatesse et son ingéniosité, quelque nouveau moyen de complaire. Entendant ces hommes parler avec regret de la Patrie, elle s’efforçait de les attacher à leur nouveau pays par plus de bien-être et de contentement : l’anniversaire de chacun fut marqué d’un modeste cadeau, devint le prétexte d’une petite fête.

Et la brave enfant trouvait un immense plaisir à se dévouer ainsi : ce rôle modeste semblait satisfaire toutes ses ambitions ; elle n’éprouvait nulle hâte de voir poindre le jour où il lui faudrait abandonner ce milieu sympathique pour aller au foyer même de la civilisation, chercher des sensations qu’elle ignorait et qu’elle ne désirait pas. Ici, tout lien n’était pas brisé avec son passé obscur mais heureux ; elle se sentait dans son véritable élément. C’était encore la forêt, mais peuplée de gens aptes à la comprendre, à l’apprécier, avec qui elle pouvait se montrer telle qu’elle était : bonne et compatissante, ne plus être un fantôme redouté, mais une camarade aimée.

Philippe ne semblait pas impatient de retourner en France ; il laissa partir, sans y chercher passage, tous les bateaux de traite. Sans avoir consulté sa cousine sur ce point, il s’était décidé à attendre le retour de Champlain. Devinant que Fleur des Ondes était heureuse dans ces régions, il craignait de lui faire abandonner la proie pour