Page:De Montreuil - Fleur des ondes, 1912.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


X

EN SAINTONGE


Les appréhensions de Fleur des Ondes et de Philippe, au sujet de Mme de Savigny, s’étaient réalisées. L’intraitable comtesse avait refusé de voir sa nièce et imposé silence à son fils dès les premiers mots, lorsqu’il tentait de l’émouvoir en lui racontant la tragique et merveilleuse histoire de sa cousine. Elle avait appelé fable audacieuse le récit de la jeune fille.

Philippe gardait pour lui même la cruauté de ces paroles, mais Fleur des Ondes attendait en vain, avec une déchirante angoisse, un appel de sa tante.

Le mot qui aurait inondé son âme de joie, ne vint pas. Savigny voyait sa cousine tous les jours mais il évitait de parler de sa mère ; et Fleur des Ondes était trop intelligente et sensiblement délicate pour ne pas comprendre ce que cette abstention avait de redoutable signification. Dans sa fierté, elle souffrait de cet injuste ostracisme, et déjà songeait avec amertume aux grands bois protecteurs où elle avait été reine et redoutée à l’égal d’un dieu par les sauvages.

Bien déterminée à ne pas prolonger outre mesure cette douloureuse épreuve, et sans en