Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/183

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de Lentini, monté sur son âne et accompagné d’un guide.

— Mes enfants, leur dit-il, que faites-vous ici, loin de vos parents ? On vous cherche et on vous pleurs.

— Nous nous cachons, monsieur le curé

— Cela est fort mal, votre réputation en sera perdue, ma chère Agata.

— Ah ! mon Dieu ! s’écria la jeune-fille, que vais-je devenir si ma réputation est perdue ?

— De plus, reprit le curé, vous vivez ici en état de pêché mortel.

— Pour cela non, monsieur le curé, dit Agata, je n’ai rien fait de mal ; j’irai entendre la messe à Nicolosi dimanche prochain et, d’ailleurs, je vais profiter de votre passage ici pour me confesser à vous.

— Il faudrait, avant de recevoir l’absolution, commencer par vous repentir de vos fautes et les réparer. Vous voyez bien cette charbonnière d’où il sort une fumée noire ; si vous mouriez demain, vous brûleriez dans un feu mille fois plus terrible et pendant l’éternité.

— Hélas ! Sainte Vierge ! Brûler pendant l’éternité ! Je ne le veux pas, Zullino. Je dois me repentir et mériter l’absolution ; il faut que ma réputation soit sauvée, ainsi que mon âme.

— Vous n’avez qu’un seul moyen d’obtenir tout cela ensemble, dit le curé. Retournez à Catane avec moi, sur le champ. Rentrez chez votre père, je vous donnerai un nouveau confesseur qui vous dirigera bien et vous raccommodera avec le ciel, avec votre conscience et, peut-être, aussi avec le monde. Et vous, jeune homme, allez à votre maison et ne détournez