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réellement et de fait en notre présence. Par exemple, si vous voulez méditer Notre Seigneur, en la façon que les Évangélistes le décrivent. J’en dis de même quand vous méditerez la mort, ainsi que je l’ai marqué en la méditation d’icelle, comme aussi à celle de l’enfer, et en tous semblables mystères où il s’agit de choses visibles et sensibles ; car, quant aux autres mystères, de la grandeur de Dieu, de l’excellence des vertus, de la fin pour laquelle nous sommes créés, qui sont des choses invisibles, il n’est pas question de vouloir se servir de cette sorte d’imagination. Il est vrai que l’on peut bien employer quelque similitude et comparaison pour aider à la considération ; mais cela est aucunement difficile à rencontrer, et je ne veux traiter avec vous que fort simplement, et en sorte que votre esprit ne soit pas beaucoup travaillé à faire des inventions.

Or, par le moyen de cette imagination, nous enfermons notre esprit dans le mystère que nous voulons méditer, afin qu’il n’aille pas courant çà et là, ni plus ni moins que l’on enferme un oiseau dans une cage, ou bien comme l’on attache l’épervier à ses longes, afin qu’il demeure dessus le poing. Quelques-uns vous diront néanmoins qu’il est mieux d user de la simple pensée de la foi, et d’une simple appréhension toute mentale et spirituelle, en la représentation de ces mystères, ou bien de considérer que les choses se font en votre propre esprit ; mais cela est trop subtil pour le commencement, et jusques à ce que Dieu vous élève plus haut, je vous conseille, Philothée, de vous retenir en la basse vallée que je vous montre.