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le mal. vous le remercierez avec humilité ; mais s’il lui plaît que le mal surmonte les remèdes, bénissez-le avec patience.

Je suis l’avis de saint Grégoire : quand vous serez accusée justement pour quelque faute que vous aurez commise, humiliez-vous bien fort, confessez que vous méritez l’accusation qui est faite contre vous. Que si l’accusation est fausse, excusez-vous doucement, niant d’être coupable, car vous devez cette révérence à la vérité et à l’édification du prochain ; mais aussi, si après votre véritable et légitime excuse on continue à vous accuser, ne vous troublez nullement et ne tâchez point à faire recevoir votre excuse ; car après avoir rendu votre devoir à la vérité, vous devez le rendre aussi à l’humilité. Et en cette sorte, vous n’offenserez ni le soin que vous devez avoir de votre renommée, ni l’affection que vous devez à la tranquillité, douceur de cœur et humilité.

Plaignez-vous le moins que vous pourrez des torts qui vous seront faits ; car c’est chose certaine que pour l’ordinaire, qui se plaint pèche, d’autant que l’amour-propre nous fait toujours ressentir les injures plus grandes qu’elles ne sont ; mais surtout ne faites point vos plaintes à des personnes aisées à s’indigner et mal penser. Que s’il est expédient de vous plaindre à quelqu’un, ou pour remédier à l’offense, ou pour accoiser votre esprit, il faut que ce soit à des âmes tranquilles et qui aiment bien Dieu ; car autrement au lieu d’alléger votre cœur, elles le provoqueraient à de plus grandes inquiétudes ; au lieu d’ôter l’épine qui vous pique, elles la ficheront plus avant en votre pied.

Plusieurs étant malades, affligés, et offensés de quel-