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pécheurs ? » Nul ne le peut, chère Philothée, que Celui qui pour nous exalter, vécut et mourut en sorte qu’il fut « l’opprobre des hommes et l’abjection du peuple ».

Je vous ai dit beaucoup de choses qui vous sembleront dures quand vous les considérerez ; mais croyez-moi, elles seront plus douces que le sucre et le miel quand vous les pratiquerez.


CHAPITRE VII

COMME IL FAUT CONSERVER LA BONNE RENOMMÉE
PRATIQUANT L’HUMILITÉ


La louange, l’honneur et la gloire ne se donnent pas aux hommes pour une simple vertu, mais pour une vertu excellente. Car par la louange nous voulons persuader aux autres d’estimer l’excellence de quelqu’un ; par l’honneur nous protestons que nous l’estimons nous-mêmes ; et la gloire n’est autre chose, à mon avis, qu’un certain éclat de réputation qui rejaillit de l’assemblage de plusieurs louanges et honneurs : si que les honneurs et louanges sont comme des pierres précieuses, de l’amas desquelles réussit la gloire comme un émail. Or, l’humilité ne pouvant souffrir que nous ayons aucune opinion d’exceller ou devoir être préférés aux autres, ne peut aussi permettre que nous recherchions la louange, l’honneur ni la gloire qui sont dus à la seule excellence. Elle consent bien néanmoins à l’avertissement du Sage, qui nous admoneste « d’avoir soin de notre renommée »,