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te dirait : « Pourquoi me frappes-tu, misérable ? c’est contre toi, o mon âme, que Dieu arme sa vengeance, c’est toi qui es la criminelle ; pourquoi me conduis-tu aux mauvaises conversations ? pourquoi appliques-tu mes yeux, mes mains, mes lèvres aux lascivetés ? pourquoi me troubles-tu par des mauvaises imaginations ? Fais des bonnes pensées, et je n’aurais pas de mauvais mouvements ; hante les gens pudiques, et je ne serai point agitée de ma concupiscence. Hélas ! c’est toi qui me jettes dans le feu, et tu ne veux pas que je brûle ; tu me jettes la fumée aux yeux, et tu ne veux pas qu’ils s’enflamment ». Et Dieu sans doute vous dit en ces cas-là ; « Battez, rompez, fendez, froissez vos cœurs principalement, car c’est contre eux que mon courroux est animé ». Certes pour guérir la démangeaison, il n’est pas tant besoin de se laver et baigner, comme de purifier le sang et rafraîchir le foie ; ainsi, pour nous guérir de nos vices, il est voirement bon de mortifier la chair, mais il est surtout nécessaire de bien purifier nos affections et rafraîchir nos cœurs. Or, en tout et partout, il ne faut nullement entreprendre des austérités corporelles qu’avec l’avis de notre guide.


CHAPITRE XXIV

DES CONVERSATIONS ET DE LA SOLITUDE


Rechercher les conversations et les fuir, ce sont deux extrémités blâmables en la dévotion civile, qui