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somption.il faut pour l(ordinaire qu’une joie modérée ! prédomine en notre conversation. Saint Romuald et saint Antoine sont extrêmement loués de quoi, nonobstant toutes les austérités, ils avaient la face et les paroles ornées de joie, gaîté et civilité. Réjouissez-vous avec les joyeux ; je vous dis encore une fois avec l’Apôtre « Soyez toujours joyeuse, mais en Notre Seigneur, et que votre modestie paraisse à tous les hommes ». Pour vous réjouir en Notre Seigneur, il faut que le sujet de votre joie soit non seulement loisible, mais honnête : ce que je dis, parce qu’il y a des choses loisibles, qui pourtant ne sont pas honnêtes ; et afin que votre modestie ! paraisse, gardez-vous des insolences lesquelles sans doute sont toujours répréhensibles : faire tomber l’un, noircir l’autre, piquer le tiers, faire du mal à un fol, ce sont des risées et joies sottes et insolentes.

Mais toujours, outre la solitude mentale à laquelle vous vous pouvez retirer emmi les plus grandes conversations, ainsi que j’ai dit ci-dessus[1], vous devez aimer la solitude locale et réelle, non pas pour aller ès déserts, comme sainte Marie Égyptienne, saint Paul, saint Antoine, Arsénius et les autres pères solitaires, mais pour être quelque peu en votre chambre, en votre jardin et ailleurs, où plus à souhait vous puissiez retirer votre esprit en votre cœur, et récréer votre âme par des bonnes cogitations et saintes pensées, ou par un peu de bonne lecture, à l’exemple de ce grand évêque Nazianzène qui, parlant de soi-même : « Je me

  1. Au chapitre XII de la deuxième Partie.