Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la souffrance ; elle sut « attendre en paix » le retour du coupable, et elle lui donna, pour la dernière fois, son pardon. Désormais, elle n’avait plus, semble-t-il, à souffrir ici-bas. Le vide s’était fait autour d’elle : François de Sales, le président Favre, tous ses amis anciens étaient morts ; elle accepta toutes ces séparations, heureuse encore d’être l’esclave de celui « la servitude duquel est meilleure que toute royauté[1] ». Elle se dépouilla, en faveur de ses enfants, de tous ses biens, ne gardant pour elle que ses souvenirs et l’espoir d’une vie meilleure. La Philothée de Monseigneur de Genève mourut le 1er juin 1645.

Saint François de Sales dit, dans la préface de l’Introduction à la Vie dévote : « J’adresse mes paroles à Philothée, parce que, voulant réduire à l’utilité commune de plusieurs âmes ce que j’avais premièrement écrit pour une seule, je l’appelle du nom commun à toutes celles qui veulent être dévotes ; car Philothée veut dire : amatrice ou amoureuse de Dieu ». Il nous a semblé que, rapprocher le beau livre de l’Introduction à la Vie dévote de ses origines et des circonstances précises qui ont entouré sa naissance, ce serait en même temps le rapprocher de nous, nous le rendre plus présent, et que ce serait dès lors, suivant le vœu exprimé par l’auteur, le « réduire à l’utilité » d’un plus grand nombre d’âmes.

F. Boulenger.
  1. Introd., II, 40.