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quoique tout soit en trouble en notre âme et en notre corps, nous avons la résolution de ne point consentir au péché ni à la tentation, et que la délectation qui plaît à notre homme extérieur déplaît à l’intérieur, et quoiqu’elle soit tout autour de notre volonté, si n’est-elle pas dans icelle : en quoi l’on voit que telle délectation est involontaire, et étant telle ne peut être péché.


CHAPITRE IV

DEUX BEAUX EXEMPLES SUR CE SUJET


Il vous importe tant de bien entendre ceci, que je ne ferai nulle difficulté de m’étendre à l’expliquer. Le jeune homme, duquel parle saint Jérôme, qui couché et attaché avec des écharpes de soie bien délicatement sur un lit mollet, était provoqué par toutes sortes de vilains attouchements et attraits d’une impudique femme, qui était couchée avec lui exprès pour ébranler sa constance, ne devait-il pas sentir d’étranges accidents ? ses sens ne devaient-ils pas être saisis de la délectation, et son imagination extrêmement occupée de cette présence des objets voluptueux ? Sans doute, et néanmoins parmi tant de troubles, emmi un si terrible orage de tentations et entre tant de voluptés qui sont tout autour de lui, il témoigne que son cœur n’est point vaincu et que sa volonté n’y consent nullement, puisque son esprit voyant tout rebellé contre lui, et n’ayant plus aucune des parties de son corps à son commandement sinon la langue, il se