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effets et saintes actions. Si les douceurs, tendretés et consolations nous rendent plus humbles, patients, traitables, charitables et compatissants à l’endroit du prochain, plus fervents à mortifier nos concupiscences et mauvaises inclinations, plus constants en nos exercices, plus maniables et souples à ceux à qui nous devons obéir, plus simples en notre vie, sans doute, Philothée, qu’elles sont de Dieu ; mais si ces douceurs n’ont de la douceur que pour nous, qu’elles nous rendent curieux, aigres, pointilleux, impatients, opiniâtres, fiers, présomptueux, durs à l’endroit du prochain, et que, pensant déjà être des petits saints, nous ne voulons plus être sujets à la direction ni à la correction, indubitablement ce sont des consolations fausses et pernicieuses. « Un bon arbre ne produit que des bons fruits ».

4. Quand nous aurons de ces douleurs et consolations, 1. Il nous faut beaucoup humilier devant Dieu ; gardons-nous bien de dire pour ces douceurs : ce Oh ! que je suis bon ! » Non, Philothée, ce sont des biens qui ne nous rendent pas meilleurs, car, comme j’ai dit, la dévotion ne consiste pas en cela ; mais disons : « Oh ! que Dieu est bon à ceux qui espèrent en lui, à l’âme qui le recherche ! » Qui a le sucre en bouche ne peut pas dire que sa bouche soit douce, mais oui bien que le sucre est doux ; ainsi, encore que cette douceur spirituelle est fort bonne, et Dieu qui nous la donne est très bon, il ne s’ensuit pas que celui qui la reçoit soit bon. 2. Connaissons que nous sommes encore de petits enfants qui avons besoin du lait, et que ces grains sucrés nous sont donnés parce que nous avons encore l’esprit tendre et délicat, qui a besoin d’amorces et d’appas pour être attiré à