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Les Délices

pitaux pour le ſoulagement des Pauvres, le rendîrent digne de la ſolide eſtime du S. Siége.

Il mourut ſelon quelques Hiſtoriens le dix-ſept de Fevrier mil ſix cent douze, univerſellement regrété pour ſes grandes qualités & ſes hautes vertus ; d’autres lui ont imputé quelques défauts, mais ſi legers qu’ils auroient bien pû les couvrir de la charité, & les enſevelir dans le ſilence.

Ferdinand de Baviere, ſon Neveu, & ſon Succeſſeur à l’Electorat de Cologne, lui ſuccéda pareillement à l’Evêché de Liége ; mais il ne trouva pas dans les eſprits des Liégeois les mêmes diſpoſitions, que ſon prédéceſſeur y avoit trouvées & qu’il avoit eu le talent d’entretenir. Son Regne, qui dura long-tems, fut un tiſſu de diviſions, de troubles, de rébellions, & de guerres entre le Prince & les Sujets, & finit par où il avoit commencé.

Prétendant qu’il ſe commettoit quelques abus dans l’Election du Magiſtrat, Jean Hinsbergh avoit fait un Edit pour en régler la forme ; mais le Peuple, qui prétendoit que cet Edit bleſſoit ſes Priviléges & ſes Libertés, avoit refuſé de s’y ſoumettre, il ſuivoit même, depuis quelques années, une forme toute diférente.

Ferdinand de Baviére, auquel cette nouvelle forme ne plût point, obtint de l’Empereur, la premiére année de ſon Pontificat, des Lettres patentes, qui l’abrogoient, & qui ordonnoient l’exécution de l’Edit de Jean Hinsbergh, après y avoir fait quelques modifications.

La publication de ces Lettres, par laquelle Ferdinand commença ſon regne, indiſpoſa preſque tous les eſprits contre lui. Le Peuple refuſa de ſe ſoumettre ; ſa déſobéïſſance irrita le Prince, qui n’oublia rien pour la vaincre, mais ce fut inutilement ; il fut obligé de ſe pourvoir en juſtice réglée à la Cour Imperiale, où ſes Sujets le ſuivirent de près.

Les Manifeſtes qui ſe publiérent de part & d’autre, aigrirent les eſprits, qui étoient déja très indiſpoſés. Le Prince ſe plaignoit de ce que le Peuple entreprenoit ſur ſes droits, & le Peuple accuſoit le Prince d’atenter aux Priviléges, dont il avoit toûjours joüi. Les ordres réi-