Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aupres de ces premiers,
Et grossissent le camp, de vingt mille guerriers.
De longs et blonds cheveux, leur espaule est couverte ;
Leurs yeux brillent d’un feu dont la couleur est verte ;
Mais d’un feu petillant, qui marque leur vigueur ;
Et leur corps est fort grand, aussi bien que leur cœur.
Athalaric les meine, et paroist à leur teste :
Sur son luisant armet, un dragon sert de creste :
Mais au superbe pas, dont il marche aujourd’huy,
Un si fier animal, ne l’est pas tant que luy.
Ceux qu’on voit habiter la fertile Finlande,
Font bien voir leur richesse, en leur superbe bande :
Ils paroissent armez, et vestus richement,
Et l’or parmy le fer, brille confusément.
Ils portent de longs dards, qu’ils lancent à la guerre ;
A des chaisnes d’argent, pend leur beau cimeterre ;
Et leur bras est chargé, d’un bouclier esclatant,
Rond comme le soleil, et qui luit presque autant.
Hildegrand les commande, ou plutost les anime ;
Hildegrand, un guerrier, et sage, et magnanime ;
Dont le cœur eslevé, dans ses nobles desirs,
S’expose à cent travaux, et quitte cent plaisirs.
De vingt mille soldats, leur troupe est composée :
La conqueste du monde, à leur cœur semble aisée :
Ils mesprisent pour elle, et richesse, et repos ;
Et n’ont pour leur objet, que la gloire des Goths.
Ceux qu’on voit demeurer dans les isles Alandes,
Qui portent pour pavois, des escailles si grandes,