Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/229

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Et chacun tour à tour, le balotte ; le meut ;
Et semble l’emporter où ce mouvement veut.
Mais pendant qu’il se plaint, il aperçoit fort proche,
L’ouverture d’un antre enfoncé dans la roche :
Et lors qu’il le regarde, il voit comme il en sort,
Un vieillard venerable, en sa mine, en son port.
La grave majesté paroist sur son visage ;
Sa barbe et ses cheveux, blanchis par un long âge,
Luy descendent fort bas, et son royal aspect,
Au cœur mesme des roys imprime du respect.
En voyant cét hermite, il faut qu’on le revere :
Il a je ne sçay quoy, de doux et de severe ;
Il a je ne sçay quoy, dans son air, dans ses yeux,
Qui fait aymer et craindre, en ces austeres lieux.
Sa robe paroist propre, encor que fort grossiere ;
A longs plis negligez elle bat la poussiere ;
Et la pourpre des roys malgré son ornement,
A moins de majesté que cét habillement.
Prince (dit-il d’abord en langage gothique)
Chassez de vostre esprit ce soin meslancolique :
Dieu qui commande aux mers, et qui regle leur cours,
Vous rendra vos vaisseaux, sauvez par son secours.
Mais pour avoir de luy cette faveur insigne,
Meritez-là, seigneur, et rendez-vous en digne :
Par un acte de foy confessez son pouvoir ;
Il est le roy des roys, faites vostre devoir.
Mon pere (luy respond le heros des Vandales)
J’ay desja trop connu ses bontez sans esgales,