Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/241

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peut gagner, les peuples ; les soldats ;
Les grands et les petits ; les hauts comme les bas.
C’est cette rethorique, en pouvoir sans seconde,
Qui confond le coupable aux yeux de tout le monde :
Qui sauve l’innocent des pieges du malin ;
Qui deffend des meschans, la veuve et l’orphelin ;
Et dont le mouvement que l’orateur enflâme,
Esmeut, calme, attendrit, touche, et transporte l’ame.
Demosthene, Osocrate, et l’orateur romain,
Ciceron qui perdit, et la teste et la main ;
Et mille autres encor sont veus en cette place,
Tous brillants de l’éclat, et des fleurs du Parnasse :
Et l’on peut icy voir ce qu’Athenes oyoit,
Lors qu’en la haranguant Pericles foudroyoit.
Voicy les grands autheurs de la philosophie ;
En lisant leurs escrits l’ame se fortifie ;
Voit le bien et le mal ; les connoist par leur voix ;
Suit l’un ; évite l’autre ; et fait un juste choix.
Par eux nous aprenons l’admirable phisique ;
L’ethique ; la morale ; avec l’œconomique ;
La politique sage ; et d’un vol glorieux,
Par la metaphisique on va jusques aux cieux.
Cette philosophie est enfin apellée,
La loy de nostre vie aux hommes revelée ;
Le chemin des vertus, et le fleau des pervers ;
La lumiere des sens ; l’œil de tout l’univers ;
La maistresse des mœurs ; la regle des pensées ;
Le juge du present, et des choses passées ;
La guide de l’esprit ; le frein des passions ;
La cause et l’instrument