Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/259

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Et resoud à la fin dans ses pensers troublez,
De voir sur ce sujet les demons assemblez :
Afin qu’affermissant cette image inconstante,
Ils puissent travailler à l’affaire importante.
Aussi-tost d’une voix qui donne de l’effroy,
Il fait trembler la terre, et les appelle à soy.
Cette effroyable voix, que redoute l’Averne,
Y fait tout retentir de caverne en caverne :
Et les concavitez de ce lieu sousterrain,
Appellent les demons pres de leur souverain.
Alors des noirs esprits les images legeres,
Comme l’on voit voler les mouches mesnageres,
Voltigent dans la grote ; et l’escadron nombreux,
Se range à son devoir pres du roy tenebreux.
Grand dieu qui fis l’enfer pour y punir les crimes,
Despeins à mon esprit ces tenebreux abysmes,
D’une eternelle nuit tousjours enveloppez,
Noir sejour des meschans que ta foudre a frappez.
O lieux environnez de l’ombre et du silence,
Lieux où des fiers demons regne la violence,
Lieux de qui la rigueur ne doit jamais passer,
Quel crayon assez noir suffit pour vous tracer ?
Droit au centre du monde, et parmy les tenebres,
Sont des antres voûtez, affreux comme funebres,
Où des tristes damnez, les malheureux esprits,
Poussent horriblement des pleintes et des cris.
Des vapeurs des metaux, et des veines du souffre,
Un feu qui n’esteind point, luit et brusle en ce gouffre :
Mais un