Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/261

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Dont le fantôme affreux, par d’outrageans propos,
Jamais, helas ! Jamais, ne les laisse en repos.
Ceux dont la barbarie a fait des parricides ;
Qui de leur propre sang virent leurs mains humides ;
Ceux, dis-je, dont la rage en son cruel transport,
Aux autheurs de leur vie osa donner la mort ;
Regardent pour punir leur ame criminelle,
Le spectacle sanglant de l’ombre paternelle :
Qui leur monstre en pleurant, qui leur monstre en courroux,
De leur cruelle main les detestables coups.
Ce pitoyable objet redouble leur furie :
Ce sang qui coule encore est une voix qui crie :
Et qui dit à leur cœur comme à leur souvenir,
Qu’il n’est point de tourment qui les puisse punir.
Ces esprits orgueilleux, de qui l’humeur altiere ;
De qui la vanité si superbe et si fiere,
Se croyoit sans esgale en rares qualitez,
Y souffrent mille affrons, et mille indignitez.
Les demons insolens les attaquent sans cesse ;
Les outragent tousjours ; leur font voir leur bassesse ;
Leur marquent leurs deffauts ; et par un fier mespris,
Ils font desesperer ces superbes esprits.
Ces lasches paresseux, de qui l’ame endormie,
Fut insensible à tout, jusques à l’infamie ;
Par mille et mille coups chaque jour redoublez,
Sortent du froid sommeil qui les tint accablez.
Tous assoupis qu’ils sont le tourment les resveille,
Car il n’est point de peine à leur peine pareille :