Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/263

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Et pour dernier suplice on leur fait confesser,
La honteuse action qu’on punit sans cesser.
Ces avares brutaux, qui par mille bassesses,
Se virent eslevez à d’injustes richesses,
Qui tenoient en tout temps leur cœur dans leur thresor,
Esprits interessez, idolatres de l’or ;
Despoüillez de grandeur, de bien, et de fortune ;
Et pressez d’un remords qui sans cesse importune,
Maudissent en jurant ce dangereux metal,
Qui ne pût assouvir leur apetit brutal.
Ces gourmands affamez, dont le dieu fut le ventre ;
Ces gouffres de crapule, où tout passe, où tout entre ;
Sont justement punis par la rigueur du ciel,
Qui ne leur fait gouster que l’absynthe et le fiel.
Ceux de qui l’ame foible, aussi bien qu’amoureuse,
Suivit des voluptez la trace dangereuse,
Au lieu du cher objet d’une aymable beauté,
De cent objets hydeux souffrent la cruauté.
Ces juges corrompus qui vendent la justice ;
Qui choquent l’innocence, et protegent le vice ;
Sont dans l’huyle boüillante (où l’on les fait plonger)
Jugez plus justement qu’on ne les vit juger.
Ces princes violents, ces tyrans sanguinaires,
Qui font des maux publics leurs plaisirs ordinaires ;
Sans sceptre et sans couronne, en ce lieu de terreur,
Ont en leur propre thrône un objet plein d’horreur.
L’image de leur crime, et celle de leur gloire,
Estans les deux bourreaux de leur triste memoire,