Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/300

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Reprennent quelque cœur ; reforment un grand corps ;
Et semblent disposez à de nouveaux efforts.
Desja les bataillons sont formez sur la rive,
Où chacun prend sa place à l’instant qu’il arrive :
Desja de toutes parts sur le sable mouvant,
Les superbes drapeaux volent au gré du vent :
Lors qu’avecques le jour qui chasse les estoiles,
On descouvre Alaric qui vient à toutes voiles :
Et qui tout glorieux de son premier effort,
Tourne vers eux la proüe, et vient droit à leur port.
Aussi-tost qu’on le voit, tout branle, tout s’apreste ;
Et du costé des flots, tout marche, tout fait teste ;
Et tous les rangs pressez opposent aux regards,
Une affreuse forest de piques et de dards.
Les femmes sur les murs toutes eschevelées,
Poussent jusques au ciel des plaintes desolées :
Et monstrant leurs enfans aux peres genereux,
Semblent les exciter à combatre pour eux.
L’invincible Alaric redouble son courage :
Il voit un mur de fer qui borde le rivage :
Il voit briller partout les armes dans leurs mains :
Mais cette fierté plaist au vainqueur des Romains.
Son cœur mespriseroit la facile victoire ;
Cét intrepide cœur veut achepter la gloire ;
Et dans la noble ardeur dont il est enflamé,
Plus le peril est grand, plus il est animé.
Ses ordres sont portez de pilote en pilote :
En esquadres alors, il divise la flote :