Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/304

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Alonse dont l’Espagne estime la valeur,
Et qui voit le peril sans changer de couleur.
Là les fiers habitans du froid golphe bothnique,
Font aller et venir leur redoutable pique :
Et d’un bras vigoureux choquant les rangs serrez,
Font tomber à leurs pieds les soldats atterrez.
Mais le fier Espagnol nourry dans les alarmes,
Fait aussi tresbucher plus d’un Goth sous ses armes :
Le fer brille par tout ; la mort vole par tout ;
Esclaircissant les rangs de l’un à l’autre bout.
Le brave Athalaric s’attache au brave Alonse :
Les coups font le deffy ; les coups font la response ;
Car sans aucune injure au milieu des combats,
Ces deux vaillants guerriers ne parlent que du bras.
Comme on voit deux lions, dont la force est esgale,
Disputer fort long-temps une palme fatale,
Et faire croire à tous que leur combat hydeux,
Ne peut avoir de fin que par la mort des deux.
Ainsi ces chefs hardis, par leur rare vaillance,
Tiennent entre leurs coups la fortune en balence :
Et font qu’on s’imagine, à les voir en tel point,
Qu’ils periront tous deux, et qu’ils ne vaincront point.
Mais le sort à la fin, decide leur querelle :
Et du fer espagnol la blessure mortelle,
Renverse Athalaric au courage boüillant,
Qui tombe moins heureux, et non pas moins vaillant.
De la perte du chef la troupe espouventée,
Commence de plier, du combat rebutée :