Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/306

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son poids ; immobile rester ;
Et repousser les flots qui le viennent heurter.
Ainsi voit-on alors ce heros invincible,
Estre tousjours plus ferme, et tousjours plus terrible ;
Ne s’esbranler jamais quand on vient l’attaquer ;
Et repousser tousjours ceux qui l’osent choquer.
Il pousse ; il choque ; il fend ; il abat ; il renverse ;
Dans tous les bataillons cette foudre traverse ;
Il met tout en desordre où le sort le conduit ;
Rien ne resiste plus ; tout recule ; et tout fuit.
Dans la ville estonnée il entre pesle-mesle,
Sans redouter des toicts la dangereuse gresle :
Tout cede, tout se rend, à l’effort de ses coups ;
Tout met les armes bas ; tout paroist à genoux ;
Et l’illustre guerrier que la mort accompagne,
Dans les murs de Cadis triomphe de l’Espagne :
Qui fait encore gloire en comptant ses exploits,
De nommer Alaric le premier de ses rois.
Or ce clement vainqueur n’aymant que cette gloire,
Pour n’ensanglanter pas son illustre victoire,
Satisfait du laurier qu’il cherche en combatant,
Empesche le pillage, et sauve l’habitant.
Il est, en arrestant et le fer et les flâmes,
L’azile des vaincus, et de l’honneur des dames :
Il se dompte luy-mesme apres qu’il a dompté ;
Et comme sa valeur il fait voir sa bonté.
Mais pendant qu’il agit avec tant de clemence,
Pour signaler ce jour où son regne commence,
Rigilde et Belzebuth, honteux