Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/333

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Non, non (dit-elle alors, d’un front un peu severe)
Je n’offenceray point ce que Probé revere :
Mais puis qu’il faut choisir, le destin choisira,
Et contre la vertu, la vertu le fera.
Vous sçavez qu’Alaric en veut au Capitole :
Qu’il marche contre Rome, ou que plutost il vole :
Allez vous opposer à ce fier assaillant :
Et celuy qui des deux sera le plus vaillant,
(Puis qu’il faut que mon cœur à l’un des deux se donne)
De la main de Probé recevra la couronne.
Ha ! Dismes nous alors, nous y voulons courir ;
Car pour vous meriter, c’est trop peu que mourir.
Ainsi cette beauté semblant enfin se rendre,
Avecques Stylicon nous vinsmes vous attendre :
Mais sans vous amuser en propos superflus,
Nous y venions pour vaincre, et nous fusmes vaincus.
Par le sort du combat me voyant vostre esclave,
Tiburse plus heureux, et peut-estre plus brave,
Sans estre enveloppé dans le commun malheur,
Est allé recevoir le prix de sa valeur.
Ha ! Respond Alaric, allez revoir le Tibre :
Ne perdez point de temps, partez, vous estes libre :
Valere tout ravy, se prosterne à ces mots,
Et fait ce que luy dit le vaillant roy des Goths.