Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/348

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De mesme les Romains entendant l’enchanteur,
Environnent alors cét adroit imposteur.
La crainte d’Alaric qui fait leur hardiesse,
Fait que chacun s’avance, et que chacun se presse :
Tous paroissent vaillans l’entendant discourir ;
Et tous sont resolus de vaincre ou de mourir.
Alors comme à l’envy tout songe à la deffense :
L’un esguise ses dards, ou le fer de sa lance ;
L’autre voit si son arc peut estre bien tendu ;
L’un court à la muraille, ou l’autre s’est rendu ;
L’on borde les ramparts de boules et de pierres,
Qu’avec la catapulte on eslance en tonnerres :
Machine redoutable au camp des assiegeans,
Qui ne sçait qu’oposer pour en couvrir ses gents.
L’on prepare des feux, et des huyles boüillantes,
Pour les verser apres sur les troupes vaillantes :
Et tout ce que la guerre a de plus inhumain,
Est alors employé par le peuple romain.
Desja les bataillons sont dans les places d’armes,
Et tous prests de marcher aux guerrieres alarmes :
Les portaux sont fermez ; les corps-de-garde mis ;
Et tout en fort bon ordre attend les ennemis.
Mais avant que fermer, par la porte capene,
Dix mille bons soldats sous un bon capitaine,
Sortent pour recevoir le brave roy des Goths,
L’invincible Alaric le plus grand des heros.
Tiburse est à leur teste aussi bien que Valere :