Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/362

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Et par des soins hardis autant que singuliers,
Vers les superbes murs fait rouler ses beliers.
Alors pour empescher, ou pour haster l’ouvrage,
De la ville et du camp, fond comme un grand orage :
Mille et mille cailloux fendent l’air en soufflant,
Et mille et mille traicts s’y croisent en sifflant.
Mais malgré cette gresle, on voit que ces machines,
Qui des fermes ramparts font tomber les ruines,
Aprochent la muraille, et que leur front cornu,
Heurte desja le mur fortement soustenu.
Cent et cent bras nerveux à trois pieds de la terre,
Font aller et venir ces machines de guerre :
Et du choq des beliers retentissent alors,
Les antres que le Tibre a creusez sur ses bords.
Comme un coup est donné, l’autre aussi-tost se donne :
La muraille s’esboule, et le Romain s’estonne :
L’eau boüillante et les feux, pleuvent confusément,
Sans que le brave Goth s’esbransle seulement.
Enfin le haut rampart, avec un bruit horrible,
Tombe, et monstre au soldat une bresche accessible :
Mais le vaillant Romain redoublant ses efforts,
La repare à l’instant avec son propre corps.
L’invincible Alaric qui voit sa resistance,
Donne l’ordre à Canut, et ce guerrier s’avance :
Suivy de ses archers qui se font devancer,
Par mille traicts volans que leur main sçait lancer.
Sur cét amas poudreux qu’on voit au bas des bresches,
Volent ces fiers soldats plus viste que leurs flesches :