Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et le Romain couvert de son large pavois,
Fait voller en esclats, la forest des longs boix.
Christierne, Bratemund, Erric, Ingel, Heraute,
Tous chefs de Finlandie, et de qualité haute :
Tous chefs dont la victoire accompagnoit les pas,
Tombent sur cette bresche, avec mille soldats.
Macrin, Volusian, et Severe, et Maxime,
Romains d’un sang illustre, et d’un cœur magnanime,
Trebuchent à leur tour, en manquant de bon-heur,
Si l’on en peut manquer, mourant au lict d’honneur.
Mais enfin tout cedant à la valeur romaine,
Ces braves finlandois, recullent hors d’haleine :
Et l’immortel heros qui les voit revenir,
Fait avancer Haldan, qui les va soustenir.
Haldan, ce fier guerrier, au courage intrepide,
Qui mesprisa la mort, sur la campagne humide :
Et qui vient sur la terre, avec le mesme orgueil,
La braver de nouveau, jusqu’au bord du cercueil.
Là redouble le bruit, comme les coups redoublent :
Le Tibre s’en esmeut, et ses ondes s’en troublent :
Et les rochers voisins, par des sons esclattans,
Refont d’autres combats, et d’autres combatans.
Sous leurs larges boucliers, ces braves insulaires,
Montent en menaçant de leurs canes legeres :
Mais les dards des Romains, plus forts que ces roseaux,
De leurs propres boucliers, font leurs propres tombeaux :
Ils tombent renversez de la bresche mortelle,
Et roulent l’un sur l’autre, en tombant pesle-mesle.