Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/383

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cent flames à la fois,
Qui s’attachent au fer ; qui s’attachent au bois ;
Et le soldat bruslé par ces feux redoutables,
Pousse jusques au ciel, des cris espouventables.
Icy d’un sable chaud, les atomes bruslans,
Du haut de ces creneaux incessamment volans,
Tombent sur les soldats ; se glissent sous leurs armes ;
Arrachent aux plus fiers, et des cris, et des larmes ;
Et d’un mal sans remede affligeant leurs esprits,
Leurs font pousser en vain ces larmes et ces cris.
Mais malgré tous ces feux, et tous ces grands obstacles,
L’invincible Alaric, ce faiseur de miracles,
D’un courage intrepide, et d’un bras menaçant ;
D’un bras esgal au foudre, et mesme plus puissant ;
Couvert de son bouclier, soûtient, monte, travaille ;
Et se fait voir enfin, au haut de la muraille.
Alors s’affermissant, il combat main à main :
Et quel que soit l’effort qu’oppose le Romain,
Il frappe, il blesse, il tuë, et s’eslance en colere,
Au de là des creneaux que deffendoit Valere.
Il paroist sur ces murs, tout flambant de courroux :
Et s’escrie en frappant, la victoire est à nous.
Comme on voit dans un camp, la grenade embrasée,
Quand par sa propre ardeur on la voit escrasée,
Escarter les soldats ; rompre les bataillons ;
Et faire rejallir le sang à gros boüillons.
Ainsi voit-on alors le guerrier invincible,
Escarter les Romains, par un bras si terrible :