Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/386

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Et le sort favorable, offre encore à vos mains,
La deffaite des Grecs, ainsi que des Romains.
Leur flotte, à ce qu’on dit, vers Baye est arrivée :
De sorte que pour voir cette gloire achevée,
Il s’agit de resoudre où nous les combatrons ;
Si nous irons les voir ; si nous les attendrons.
Du respect qu’on me doit, icy je vous dispense :
Que chacun librement descouvre ce qu’il pense :
A l’interest commun, tout autre doit ceder :
Regardez-le donc seul, et sans me regarder.
Grand roy, dit Theodat, il est de la sagesse,
De se vaincre soy-mesme en un danger qui presse :
Ainsi, quelque conseil que vous donne un grand cœur,
Pour n’estre pas vaincu, soyez vostre vainqueur.
La prudence en tous lieux, doit guider le courage :
Le pilotte sçavant, doit prevenir l’orage :
Car voyant la tempeste, et dans l’air et dans l’eau,
En abaissant la voile, il sauve le vaisseau.
Or icy nous voyons ces tempestes prochaines :
Puis qu’ayant d’un costé les legions romaines,
Et que de l’autre encor les phalanges des Grecs,
Fondent sur nostre camp, et sont déja si prés,
Il est comme impossible à la valeur mortelle,
De trouver seulement une mort qui soit belle.
Tout excés est blasmable : et cette verité,
Distingue la valeur, de la temerité.
Lors qu’on voit qu’on peut vaincre, il est beau de combattre :
Mais l’ardeur sans espoir, est trop opiniastre :