Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/402

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La mort parmi les rangs, ne cesse de courir ;
Tout frape, tout combat, tout meurt, ou fait mourir.
Mais entre ces guerriers, Alaric se signale :
Tu la sentis Michel, cette valeur fatale :
Toy qui des bords d’Eürote, au rivage latin,
Fus offert à son bras, par ton mauvais destin.
Crispe tu la sentis, cette valeur terrible,
En tombant sous les coups de ce prince invincible :
Amant infortuné, qu’un objet si charmant,
Dans l’isthme de Corinthe attendit vainement.
Tu la sentis Phocas, cette valeur funeste,
Qui vint priver tes yeux de la clarté celeste :
Et par ce grand vainqueur, qu’accompagnoit l’effroy,
Cent et cent autres Grecs, tomberent comme toy.
Comme l’on voit la foudre, à l’endroit qu’elle passe,
De son feu dangereux, laisser la noire trace :
Ainsi le grand heros, dans plus et plus d’un rang,
Laissoit sur son passage une trace de sang.
L’avant-garde estonnée, et de crainte remplie,
S’esbransle ; se confond ; reculle enfin ; et plie :
Et le general grec, la rage dans les yeux,
Fait venir sa bataille, au combat furieux.
Le vaillant roy des Goths, qui voit ce gros nuage,
Ne perd le jugement, non plus que le courage :
Fait avancer la sienne, en bon ordre ; à grands pas ;
Et retourne à la charge, avec ces fiers soldats.
Comme on oit quelquesfois, au milieu des tempestes,
Redoubler ce grand bruit, qui gronde sur nos testes ;