Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/404

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Mais Eutrope irrité, ce fameux general,
Qui cherche vainement, et maistresse, et rival,
Courant parmy les rangs, et passant comme un foudre,
A cent et cent guerriers y fait mordre la poudre ;
Perce les bataillons ; et flambant de courroux,
Renverse l’aisle gauche, où tout cede à ses coups.
Alaric de la droitte aperçoit cette fuitte ;
Et pour la reparer, par sa rare conduite,
Et pour mettre sa gloire en un plus haut esclat,
Court à l’arriere-garde, et la mene au combat.
Alors celle des Grecs, bransle, marche, et s’avance :
La sanglante meslée à l’instant recommence :
Et l’effroyable bruit redoublant en ces lieux,
Monte avec la poussiere en s’eslevant aux cieux.
Comme un feu qui s’esteind, redouble sa lumiere,
Lors qu’il est r’allumé par une autre matiere :
Ainsi par le secours de ce puissant vainqueur,
Le Goth espouvanté reprend un nouveau cœur.
Le soldat de l’Atique en ce lieu se signale,
Comme font les guerriers de la mer Glaciale :
Le soldat de Megare, au Naupacte meslé,
Luy qui dans les perils n’a jamais recullé ;
Et les fameux voisins du fameux fleuve Evene,
Soustiennent des Lapons l’ardeur fiere et hautaine ;
L’un et l’autre party paroist fier et hautain ;
Et le sort du combat est encor incertain.
Le brave Marcian, de qui la renommée
Est par tout l’univers hautement estimée,