Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/415

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Goths ;
Les Grecs espouventez se jettent dans les flots ;
L’un tombe dans la mer, et l’autre sur la terre ;
Ils eslevent un bruit plus grand que le tonnerre ;
Le desordre confus, confond les bataillons,
Qu’envelopent entiers les humides bouillons.
L’un nage heureusement ; l’autre en nageant se noye ;
Des vagues ou du fer, ils deviennent la proye ;
Mille et mille guerriers chargeant trop un vaisseau,
Meurent s’estans sauvez, et s’enfoncent dans l’eau.
L’un meurt comme il est prest d’entrer dans son navire,
Percé d’un trait fatal que l’ennemy luy tire :
Et fuyant vainement le sort qu’il a trouvé,
Il retombe à la mer dont il s’estoit sauvé.
L’autre que fait perir l’obscurité profonde,
Mesconnu par les siens est repoussé dans l’onde :
Car dans cette heure obscure, et dans ce grand effroy,
Tout paroist ennemy ; tout ne songe qu’à soy.
Les cris des mariniers montent jusqu’aux estoiles :
Ils guindent en tumulte, et confondent leurs voiles :
La flotte enfin s’esloigne en esvitant la mort,
Et le victorieux campe alors sur le bord.