Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/431

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Apres avoir dompté cent et cent combatans,
Regnera plein de gloire, et regnera long-temps.
Par Erric apres luy la Suede regie,
Verra ce docte roy sçavoir l’astrologie :
Heureux si par cét art on luy voyoit prevoir,
Qu’il perdra quelque jour son thrône et son pouvoir.
Jean son frere à son tour, portera la couronne :
Je voy que des sçavans la troupe l’environne :
Qu’il est sçavant luy-mesme, et que par les beaux-arts,
Son renom glorieux volle de toutes parts.
Il affermit par là sa grandeur souveraine ;
Des doctes de son temps je le voy le mecene ;
Et le divin rayon qui m’esclaire aujourd’huy,
M’aprend que peu de roys seront plus grands que luy.
De Sigismond son fils je prevoy l’avanture :
Le ciel dans mon esprit en trace la peinture :
Enfin je voy quitter à ce prince craintif,
Le sceptre paternel pour un sceptre electif ;
Preferer la Pologne aux provinces gothiques ;
Et perdre un thrône apres, par ses fautes publiques.
Je voy Charles son oncle eslevé dans son rang,
Autant par ses vertus, que par les droits du sang :
Prince digne en effet, de la grandeur royale ;
Prince qui dans son temps n’aura nul qui l’esgale ;
Prince pour qui le sceptre est un indigne prix ;
Et le plus grand des roys, s’il n’avoit point de fils.
Mais comme le soleil par sa clarté premiere,
Obscurcit tout esclat, et toute autre lumiere ;