Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/447

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S’accorderont ensemble à chanter ses hauts faits,
Et la France et l’Espagne en paroistront en paix.
La France, ce royaume aussi puissant qu’illustre,
De sa chere amitié croira tirer du lustre :
Et tous ses grands autheurs, et tous ses beaux esprits,
La rendront immortelle ainsi que leurs escrits.
Alors de son grand lac ornant la molle rive,
De l’ombre des lauriers à l’ombre de l’olive,
On la verra passer ; cultiver les beaux-arts ;
Et sa gloire et son nom voller de toutes parts.
La charmante musique, et la rare peinture ;
L’art du globe solide, et la belle sculpture ;
L’art qui sçait eslever les pompeux bastimens ;
Et celuy qui des cieux fait voir les mouvemens ;
Tous, tous iront servir la merveille des reynes ;
Et l’on verra Stokolme une nouvelle Athenes :
Sa cour estant la cour du second des Cezars,
On verra l’amazone entre Apollon et Mars.
Mais, ô miracle estrange, et dont je m’espouvante !
Tous ces fameux sçavans la trouveront sçavante :
Ils iront pour l’instruire, elle les instruira :
Et cét astre du Nord qui les esbloüira,
Tout couvert de rayons dés sa pointe premiere,
Brillera de l’esclat de sa propre lumiere ;
N’empruntera rien d’eux ; et tel que le soleil,
Ne tiendra que de luy cét esclat sans pareil.
On l’entendra parler le langage d’Atique,
Langage tout ensemble, et doux, et magnifique,