Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/456

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

deux animez par l’enfer qui les suit,
Vont remplir tout le camp, et de flâme, et de bruit.
Valere, grand soldat, comme grand capitaine,
Va faire son attaque à la porte Capene :
Tiburse à l’Esquiline attendant le signal,
Cache au pied de ses tours plus d’un flambeau fatal :
Et pour voir le succés de sa noble pensée,
Le premier pousse alors une garde avancée :
La presse ; la poursuit ; la renverse aysément ;
Et du camp ennemy voit le retranchement ;
Tâche de l’emporter, et d’en rompre les portes,
Par l’effort impreveu de ses fieres cohortes.
Comme durant la nuit le rustique lassé,
Et du chaud qu’il a fait, et du travail passé,
Se resveille en sur-saut au bruit d’un grand orage,
Qui menace en tombant son espoir du naufrage :
Tel s’esveille Wermond d’armes environné,
Au bruit du grand assaut par le Romain donné :
Il y court, il y volle, et les troupes vandales,
Qui parmy les combats rencontrent peu d’esgales,
Filent toutes au lieu qu’attaque le Romain,
Et desja le soldat y combat main à main.
Au clair et pasle argent des rayons de la lune,
Le fer estincelant brille dans la nuit brune :
Et chacun à l’envy redoublant ses efforts,
Mille coups, mille voix, retentissent alors.
L’un tâche d’arracher la forte palissade ;
L’autre se prend aux pieux, et monte à l’escalade ;