Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/463

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Et flattant leur espoir, aydé par les demons,
Court du matin au soir par la ville aux sept monts.
Invincibles guerriers, leur dit ce meschant homme,
Illustres deffenseurs de la gloire de Rome,
Delivrez vos esprits de ces vaines terreurs,
Par l’espoir du secours de deux grands empereurs.
L’un fait armer la Seine, et l’autre le Bosphore ;
L’un est prest à marcher, et l’autre marche encore ;
Et l’hyver rigoureux precipitant son cours,
Avec tous ses frimats vient à nostre secours.
Desja de froids glaçons les Alpes herissées,
Font transir dans le camp les troupes harassées :
Et de ces longues nuits les importuns momens,
Rebutent le soldat dans ses retranchemens.
Un peu de patience acheve vostre gloire ;
Vous donne un rang illustre en l’immortelle histoire ;
Et vous fait meriter, sans l’employ de vos mains,
Le nom que vous portez, le grand nom de Romains.
Conservez donc ce nom de maistres de la terre :
L’empire universel despend de cette guerre :
Et perdant ou sauvant l’univers foible ou fort,
Le sort des nations despend de vostre sort.
Comme on voit les oyseaux dans un bois solitaire,
Attendre l’aliment que va chercher leur mere :
Et monstrer par leurs cris, lors qu’ils n’en peuvent plus,
Qu’il est temps qu’elle vienne, et qu’ils soient secourus.
Ainsi le peuple alors dans sa douleur amere,
Attend ce grand secours qui n’est qu’une chimere :