Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/476

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Qui ne soit renversé lors que Dieu l’entreprend.
Estonnement des yeux, pyramides connuës,
De qui la vanité se cachoit dans les nuës,
Ce ne fut plus debout que le monde vous vit,
Et le courroux du ciel alors vous abatit.
Superbe naumachie, objet qui ravit l’ame,
L’on vit alors mesler vos eaux à cette flâme :
Et le ciel qui du Goth fit lors agir la main,
Punit les vains plaisirs du grand peuple romain.
Magnifiques tombeaux des maistres de la terre,
L’on vous vit en ce jour foudroyez sans tonnerre :
Et l’on vit vos debris estonner l’univers,
Malgré tant de lauriers dont vous estiez couvers.
Temples qui des faux dieux conserviez les images,
Au mespris du vray Dieu qui reçoit nos hommages,
La justice du ciel vous abatit partout,
Et le seul Pantheon put demeurer debout.
Tout brusle ; tout perit ; la ville cesse d’estre :
Le Romain est esclave, et le Goth est son maistre :
Enfin Rome est vaincue ; et son superbe front
Depose sa couronne, et rougit de l’affront :
Alaric en triomphe ; et son enseigne volle,
Et sur le Vatican, et sur le Capitole :
Et l’immortel heros, apres mille hazars,
Monte sur les debris du thrône des Cezars.