Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/124

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Olimbre

Oui seigneur leur désir est le vôtre ;

Mais en prenant un bien, accordez-en un autre ; [2070]

Genseric

Que vois-je ?

L'impératrice

C'est seigneur, qu'il vous plaise aujourd'hui ;

Puisqu'Ursace est vivant, que je sois toute à lui.

Il tient depuis longtemps ma parole engagée,

Et mon affection ne peut être changée.

Ne tâchez plus de rompre un lien éternel, [2075]

Qui joignit nos deux coeurs, d'un serment solemnel.

Accordez à ce coeur qui soupire et qui tremble,

Que nous puissons enfin vivre ou mourir ensemble.

Je sais que votre amour me faisait trop d'honneur,

Et qu'en vous refusant, je refuse un bonheur, [2080]

Qui passe mon mérite, et qui me rend coupable ;

Mais je refuse un bien dont je suis incapable :

Je ne puis être à vous, je ne suis plus à moi ;

Et tout coeur généreux, n'engage qu'une foi :

Grand prince, grand monarque, accordez ma requête ; [2085]

Ainsi jamais danger n'approche votre tête,

Ainsi toujours la gloire, accompagne vos pas,

Et vous rende immortel, après votre trépas.