Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/126

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Oui du grand Genséric, ce vrai foudre de guerre,

On revère le nom, aux deux bouts de la terre, [2110]

Gardez donc de ternir un éclat sans pareil,

Qui s'étend aussi loin que celui du soleil.

Et ne vous ôtez pas, cette gloire suprême

Que vous ne perdrez point, si ce n'est par vous-même :

Souvenez-vous seigneur, puisque chacun vous voit, [2115]

Et de l'impératrice, et de ce qu'on lui doit.

Pour moi de qui l'orgueil, attaqua votre armée,

Pour le seul interêt de la personne aimée,

Et qui sans craindre ensuite, un si juste courroux,

Ait la temerité, de me montrer à vous ; [2120]

Je ne demande rien pour moi, mais tout pour elle ;

Sauvez-la, perdez moi, la mort n'est point cruelle

Après tant de douleurs, et tant de maux soufferts ;

Enfin je suis à vous, et j'ai déja des fers.

Genseric

Ciel, il n'en faut point tant, pour une âme affligée, [2125]

Que le seul repentir, avait assez changée !

Esclave généreux, espère, et ne crains rien,

Je ne m'oppose plus à votre commun bien ;

Et je ne prétends plus d'une vertu si haute,

Rien, sinon que l'oubli puisse effacer ma faute ; [2130]

Madame, accordez-le par graâce, et par pitié :