Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/38

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Olimbre

Mais vous perdez encor par votre impatience,

Mais vous perdez encor par votre violence, [620]

L'objet de vos désirs et des miens ;

Ursace

Et pourquoi ?

Olimbre

Lorsqu'un peuple irrité verra meurtrir son roi,

Croyez-vous qu'il pardonne à ces pauvres princesses

Qui seront le sujet de toutes ses tristesses ?

Non, ne vous flattez point, ce peuple furieux [625]

Viendra les égorger, et peut-être à vos yeux :

Lors en vain nous mettrons notre force en usage,

Et leur sang jaillira jusqu'à votre visage.

Ursace

Ha ! Cruel je me rends, et tu m'as su forcer ;

Mon cœur ne peut souffrir un si triste penser ; [630]

Il faut sauver Eudoxe, et suivre ton envie,

Puisque tu me fais voir qu'il s'agit de sa vie.

Vous, desseins criminels, abandonnez mon coeur,

Cédez à Genseric, qui doit être vainqueur ;

Et vous, cœur affligé, mourant pour l'amour d'elle, [635]

Soyez moins généreux, pour être plus fidèle ;