Mais vous perdez encor par votre impatience,
Mais vous perdez encor par votre violence, [620]
L'objet de vos désirs et des miens ;
Et pourquoi ?
Lorsqu'un peuple irrité verra meurtrir son roi,
Croyez-vous qu'il pardonne à ces pauvres princesses
Qui seront le sujet de toutes ses tristesses ?
Non, ne vous flattez point, ce peuple furieux [625]
Viendra les égorger, et peut-être à vos yeux :
Lors en vain nous mettrons notre force en usage,
Et leur sang jaillira jusqu'à votre visage.
Ha ! Cruel je me rends, et tu m'as su forcer ;
Mon cœur ne peut souffrir un si triste penser ; [630]
Il faut sauver Eudoxe, et suivre ton envie,
Puisque tu me fais voir qu'il s'agit de sa vie.
Vous, desseins criminels, abandonnez mon coeur,
Cédez à Genseric, qui doit être vainqueur ;
Et vous, cœur affligé, mourant pour l'amour d'elle, [635]
Soyez moins généreux, pour être plus fidèle ;