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DES UNIVERSITÉS ALLEMANDES

soumettre aux circonstances ; mais à l’entrée de la vie, au moins, le jeune homme doit puiser ses idées dans une source non altérée.

L’étude des langues, qui fait la base de l’instruction en Allemagne, est beaucoup plus favorable aux progrès des facultés dans l’enfance, que celle des mathématiques ou des sciences physiques. Pascal, ce grand géomètre, dont la pensée profonde planoit sur la science dont il s’occupoit spécialement, comme sur toutes les autres, a reconnu lui-même les défauts inséparables des esprits formés d’abord par les mathématiques : cette étude, dans le premier âge, n’exerce que le mécanisme de l’intelligence ; les enfants que l’on occupe de si bonne heure à calculer perdent toute cette sève de l’imagination, alors si belle et si féconde, et n’acquièrent point à la place une justesse d’esprit transcendante : car l’arithmétique et l’algèbre se bornent à nous apprendre de mille manières des propositions toujours identiques. Les problèmes de la vie sont plus compliqués ; aucun n’est positif, aucun n’est absolu : il faut deviner, il faut choisir, à l’aide d’aperçus et de suppositions qui n’ont aucun rapport avec la marche infaillible du calcul.

Les vérités démontrées ne conduisent point