Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
LA FÊTE D’INTERLAKEN

religieux et libre est toujours susceptible d’un genre d’enthousiasme, et les occupations matérielles de la vie ne sauroient l’étouffer entièrement. Si l’on en avoit pu douter, on s’en seroit convaincu par la fête des bergers, qui a été célébrée l’année dernière, au milieu des lacs, en mémoire du fondateur de Berne.

Cette ville de Berne mérite plus que jamais le respect et l’intérêt des voyageurs : il semble que depuis ses derniers malheurs elle ait repris toutes ses vertus avec une ardeur nouvelle, et qu’en perdant ses trésors elle ait redoublé de largesses envers les infortunés. Ses établissements de charité sont peut-être les mieux soignés de l’Europe : l’hôpital est l’édifice le plus beau, le seul magnifique de la ville. Sur la porte est écrite cette inscription : Christo in Pauperibus, au Christ dans les pauvres. Il n’en est point de plus admirable. La religion chrétienne ne nous a-t-elle pas dit que c’étoit pour ceux qui souffrent que le Christ étoit descendu sur la terre ? et qui de nous, dans quelque époque de sa vie, n’est pas un de ces pauvres en bonheur, en espérances, un de ces infortunés enfin qu’on doit soulager au nom de Dieu ?

Tout dans la ville et le canton de Berne porte l’empreinte d’un ordre sérieux et calme, d’un